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Pour les responsables agronomiques et les TCP Mettre en oeuvre la protection intégrée

Désormais une obligation réglementaire, la protection intégrée peut s'avérer complexe à mettre en place. Petit tour d'horizon des ingrédients possibles, pour une recette à réinventer selon chaque situation sur le terrain.

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Selon l'OILB (1), la protection intégrée est « une conception de la protection des cultures dont l'application fait intervenir un ensemble de méthodes satisfaisant les exigences à la fois écologiques, économiques et toxicologiques, en réservant la priorité à la mise en oeuvre délibérée des éléments naturels de limitation, et en respectant les seuils de tolérance ». A ne pas confondre avec la production intégrée qui se place à une échelle plus globale, intégrant, entre autres, la gestion de l'eau et de la fertilisation raisonnée. Côté réglementaire, c'est une obligation découlant de la directive 2009/128/CE, exigeant que les Etats membres mettent en place ou soutiennent la création des conditions nécessaires à la mise en oeuvre de la protection intégrée. Directive traduite en France par le Plan Ecophyto. Parmi ses neuf axes, trois concernent directement la protection intégrée : l'axe 2 (lutte non chimique), l'axe 3 (itinéraires techniques économes en pesticides) et l'axe 5 (surveillance des bioagresseurs et des effets non intentionnels). Sans oublier, que pour le technicien conseiller préconisateur (TCP) , en plus des nécessaires bilans et diagnostics, « les préconisations proposées au client visent à fournir des solutions compatibles avec les principes de la protection intégrée ».

Hiérarchiser les problématiques

« La chimie n'est pas l'entrée de base, on redonne de l'importance à l'agronomie », rappelle Philippe Delval, formateur à l'Acta, intervenant dans le cadre de la formation « Protection intégrée et biocontrôle » de l'AFPP (2). Un concept complexe, où « il n'y a pas de recettes toutes faites, mais de nombreux ingrédients : basiques, avec les méthodes préventives, et complémentaires, avec les méthodes de lutte », précise le formateur. Cela étant dit, « il y a trois grands principes de base : prophylaxie, monitoring et définition de seuils ». Pour limiter le développement des bioagresseurs, différentes mesures préventives sont possibles : rotations, techniques culturales, résistances variétales, fertilisation et irrigation, mesures d'hygiène, préservation des organismes naturels, installation et choix des plantes... « Tout n'est pas applicable à chaque fois, cela dépend du climat, du contexte socio-économique... et, bien sûr, du degré de prise de risque que l'on est prêt à prendre. Trois règles fondamentales sont à respecter : bien connaître ses ennemis, par culture et par système, hiérarchiser les problèmes, par type, par nuisibilité, et par année ou décade, et repenser ses stratégies à chaque campagne, en prévoyant des solutions de rattrapage. Il ne faut pas oublier les enjeux économiques pour l'agriculteur », prévient Philippe Delval. Deuxième grand principe : le monitoring ou épidémiosurveillance, notamment grâce aux BSV. Des résultats qui, corrélés aux observations dans les parcelles et à l'estimation de la nuisibilité, permettront de définir des seuils pour déclencher ou non des interventions.

Si intervention il y a, la préférence doit aller aux méthodes non chimiques, comme le biocontrôle. Pour rappel, il existe quatre familles de produits de biocontrôle : micro-organismes, médiateurs chimiques, substances naturelles et macro-organismes. A l'exception de ces derniers (sauf concernant leur importation), tous ces produits sont à utiliser dans un cadre réglementaire bien défini. Côté chimie classique, il s'agit de réduire au minimum les risques, avec un classement toxicologique le plus favorable vis-à-vis des applicateurs, de l'environnement et des consommateurs.

Un concept évolutif où le rôle du TCP est primordial

Les effets non intentionnels sont aussi à prendre en compte, comme l'impact sur les organismes utiles. Il est aussi possible de réduire les doses appliquées, en étant vigilant au produit choisi, au matériel, aux conditions climatiques et à la gestion de l'apparition de résistances. « L'objectif, c'est aussi de conserver les produits sur le marché. Les résistances se multiplient », alerte Philippe Delval. Dernière étape, le passage obligé : l'enregistrement et l'évaluation, qui serviront de base pour recommencer l'année suivante. « La protection intégrée est un concept évolutif et le rôle du TCP est primordial pour aider l'agriculteur à faire les meilleurs choix. Il y a de la pédagogie, mais également beaucoup de partages d'expériences nécessaires : c'est le but du réseau Dephy. On sait bien que le progrès vient essentiellement par cela », conclut le formateur. A noter, aussi, l'existence du portail de la protection intégrée EcophytoPIC (3).

Marion Coisne

(1) Organisation internationale de lutte biologique. (2) www.afpp.net (3) www.ecophytopic.fr

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